L’intello et la fille idéale
Il y a plus d’un mois que l’intello a rencontré la fille idéale : belle, intelligente et joviale. Elle rit chaque fois que vous lui parlez et son sourire fait vivre.
Un coup de foudre. L’intello a vite cru que cette la fille qu’il attendait, celle qui, par ses charmes, ressusciterait l’inspiration si il lui arrivait de perdre l’envie de changer le monde.
L’intello connait ses propres défauts. Il écoute peut être trop, mais ne parle pas assez. Il a une vision inconsciente très utilitariste de la parole. Avant de parler, il tourne sept fois sa langue, pour s’assurer que ce qu’il doit dire est vrai. Ce sont les consignes des sages, non ? Mais dans la vie sociale, ce culte de la sagesse peut vous jouer des tours. L’intello en est conscient, mais, le pire, c’est qu’il se fiche de ceux que les autres pensent de lui. Il est, dit-on, introverti.
Elle peut passer une heure à parler et, lui, passer une heure à écouter cette voix angélique. Sauf quand il lui enseigne le français, puisqu’ il est obligé de lui expliquer souvent que grand-mère et grammaire, ce n’est pas pareil, que grand-mère veut dire babouchka et que grammaire signifie grammatika. Elle aussi elle aussi un rêve-monter sur Paris- et elle adore la langue de Molière.
Ils se connaissent de mieux en mieux, ils savent tous qu’ils ont cette chose banale que tout le monde a a la naissance et qui se nomme talent, et s admirent mutuellement. Elle sait qu’il écrit des choses pas forcement intéressantes dans une langue qu’elle ne comprend pas encore. Il sait qu’elle est douée pour l art, qu’elle adore peindre des trucs et qu’elle aime bosser en bon ingénieur qu’elle est.
Les fréquentations sont devenues plus fréquentes : restaurant chinois (elle adore, mais lui ne peut pas dire non), cinéma, gymnastique, bibliothèque… Ce n’est pas très marron tout ca, mais bon, ensemble ils adorent. Quelquefois les doigts se cajolent froidement, les petits sourires s’intensifient, peut-être trop. L’intello est un catholique de gauche, il résiste souvent a plusieurs tentations, y compris aux sourires. Mais comment résister aux charmes de la fille idéale ?
Il décide de passer à la phase supérieure. La flamme monte depuis plusieurs jours, il faut la déclarer avant qu’elle ne cause des dégâts. Mais comment ? L’intello est l’être le plus étrange au monde. Il est de cette race des gens qui se font rougir par un petit rien, même par un compliment. Déclarer sa flamme est un enfer en soi, raison pour laquelle il n a pas peur pour le paradis, puisqu’ il aura beaucoup souffert sur la terre.
L’intello décide donc d’affronter cet enfer. Il y a longtemps qu’il se prépare à lutter contre les dictatures et les oppressions, ce sera une bonne occasion de faire un petit stage, au moins pour une minute.
Rendez-vous a dix-sept heures dans le parc des jeunes. Il lui a prévu des roses attirantes, mais s’abstient de lui rappeler qu’elle est ravissante, elle le sait déjà non ? Elle est tres excitée, mais il ne dit rien, même s il parvient à lui voler un baiser le plus maladroitement possible.
Il retourne a la maison, s’allonge sur son lit et se mais a rédiger un SMS : « Fille idéale, tu sais bien que je craque pour toi depuis longtemps. Je… Je voulais te dire that i love you ».
Apres 5 minutes, le portable sonne… L’intello bégaie, mais décroche quand même.
-Allo PRIVIET. Ici l’intello.
-Cher intello, tu sais bien que ces mots sont trop forts pour être vrais. Tu peux me dire que je te plaie, mais ne me dis plus jamais que tu m’aimes, ce n’est pas vrai. I am sorry (la fille idéale parle bien anglais).
L’intello était bouleversé, mais pas surpris. Il s y attendait. On l’avait prévenu que l’amour n’existait plus et qu’il y avait d autres choses à faire avec les nanas que déclarer des amours improbables.
La fille idéale ne croyait pas en l’amour, l’intello ignorait pour quelle raison. En idéaliste qu’il est, il continue à chercher les réponses. Il avait cru avoir tout compris, mais il constate que la logique féminine lui échappe encore. Ce n’est pas étonnant, puisqu’ il n’est pas grand lecteur de psychologies.com
Pas question, pourtant de se maquiller en bad boy pour se plier au système. Il sait qu’un jour, un beau jour sera beau.